Les Brumes de la Varisie
La pièce était richement décorée et traduisait le goût de sa propriétaire. Des bibelots de grande valeur, des tentures bariolées et hors de prix, des meubles aussi anciens d'Empire du Chéliax lui-même, des fioles contenant des liquides rares et puissants, mais l'objet le plus précieux de cet endroit était un simple globe. Un globe de verre installé au milieu de la pièce, posé sur un socle métallique finement ciselé. Un globe qui méritait toute son attention.
A l'intérieur de ce dernier, elle voyait les brumes de la Varisie. Elle distinguait des voix, des lieux, des visages. Elle voyait le coeur des gens ou leur âme noire et corrompue. Sa magie avait perdu de sa force depuis la mort du dieu Aroden, et si elle pouvait toujours, à travers ce globe, voir le passé ou le présent, l'avenir lui était désormais refusé. Pour cela, elle devait utiliser les Cartes. Mais était-elle prête à en payer le prix ?
Les brumes de la Varisie se dissipèrent sous ses yeux, et dans le verre du globe, elle voyait maintenant la salle commune d'une petite auberge. Elle reconnut les traits de celui qu'elle cherchait au milieu des clients, mais le sourire qui commençait à poindre sur son visage ridé se figea lorsque le détail de la scène lui apparut : au milieu de la pièce, trois molosses enragés déchiquetaient le corps d'une jeune femme pendant que les crocs du quatrième se refermaient sur le bras d'une autre.
La voyante usa de son pouvoir pour étendre sa vision, mais les brumes emplirent de nouveau le globe en verre, masquant la suite de la scène. La vieille femme poussa un juron de colère : comme les fois précédentes, une force ténébreuse s'opposait à sa voyance et lui refusait l'usage du globe. La varisienne mit quelques instants à se calmer avant de se lever et de sortir un coffret de bois d'une vieille commode. Puisqu'il ne lui restait pas d'autres alternatives, elle allait utiliser les Cartes. Peu importe le prix à payer, le destin de la Varisie était en jeu.