Échevelé, les traits tirés et le visage marqué par des cernes, Eusebio descend de sa chambre dans la salle commune, son vieux tricorne élimé à la main encore tout couvert de la poussière du fort en ruines. Car il disposait à nouveau d’une chambre depuis le départ d'Elysar et la disparition tragique de Drev Sekza la veille.

Cela fait déjà près d’une heure qu’il s’est levé, avant même les premières lueurs du jour. C'était l'heure de son rituel quotidien, pierre angulaire de chacune de ses journées : rapides ablutions… puis trois cartes de tarot tirées, comme pour capter la brise du destin sur son visage en guise de dévotions à Desna… Enfin la préparation de ses sortilèges… Car si un bretteur doit s’exercer en permanence pour maintenir ses réflexes aussi affutés que sa lame, un thaumaturge est soumis à une astreinte encore plus exigeante. Un pouvoir magique ne peut être libéré que si ce dernier a été consciencieusement préparé, minutieusement assemblé.
Il répète ainsi des exercices -milliers de fois exécutés- enseignés par le vieil Auguste (l’homme lui manquait particulièrement ces derniers jours) pour exercer son esprit, mais aussi son corps : postures, gestes, signes des mains. Pour achever son rituel matinal, il exerce son discours en répétant de manière rapide et intelligible des litanies en Miroë, la langue hermétique qu’il utilise.

Tous ces petits exercices le mettent dans les mêmes dispositions que lorsqu'il cuisine : reposé, concentré, propice aux réflexions.
Et c’est bien une décision qu’Eusebio a prise ce matin là tandis qu’il descend préparer le petit-déjeuner.

Quelque temps plus tard, c'est au barde de faire son apparition dans la salle commune, son fidèle cistre dans une main, une vieille choppe de fer dans l'autre. Agitant ce dernier objet, il salue Eusébio d'un "Bien l'boujour Cap'taine !" avant de se diriger vers le fût de bière et de se servir. Trempant les lèvres dans le liquide frais, il murmure quelques mots inintelligibles, puis va s'assoir sur la margelle de l'âtre. Contemplant quelques instants les flammes, il laisse jouer ses doigts sur les cordes de son instrument.

Ne faisant fit de l'attention que le capitaine porte à ses rituels matinaux, Finnliddilyhn engage la conversation : "Alors camarade, cette nuit a-t-elle été reposante ? Du reste, comment va ton pied ?"

[détail HRP : les dits-rituels se sont déroulés dans sa chambre avant qu'il descende, dsl si ce n'était pas explicite]

Eusebio lève le nez de sa tambouille en préparation et salue le gnome à son arrivée.
"Bien l'bonjour Maître Gnome !"

Et de lui répondre:

"J'ai connu nuit plus paisible... à croire que je suis plus accoutumé au sol des clairières qu'aux lits des auberges !
Et ma foi, mes blessures vont bien mieux, merci à vos prodigieuses ritournelles !
M'étant levé tôt, j'ai préparé quelques pains -encore chauds- servez-vous donc si c'est à votre goût..."

"J'en profite pour vous dire que je ne pourrais malheureusement pas jouir de votre agréable compagnie et de celle de Dame Tonnerre pour le brin de voyage jusqu'à PointeSable..."

[HRP: Effectivement, j'avais mal compris ]

"Et encore, les lits de cette auberges sont, ma foi, fort hospitaliers. Je me souviens d'une taverne - un repère de pirates - non loin de Port-Enigme, dont les lits hébergeaient plus de vermines qu'on en trouve dans le Marais du Mush...
En tout cas, je suis heureux de te voir en bonne forme !"

S'avançant vers les petits-pains, il en saisi un, souflotte dessus et y croque à bonnes dents.

"Chest encore un peu chaud, mais chest bon..."

*il déglutit pour pouvoir parler plus distinctement*

"Aurais-tu une nouvelle ruine à explorer ? *ses yeux s'illuminent un instant*
Prend garde, tu risques de rater le début du Festival du Machaon et l'ambiance festive des premiers instants ! C'est Mister Swizzeltôpe qui va être triste ; il commençait à apprécier la compagnie de ton âne..."

"Et à voir l'œil sagace de ce brave Tire-laine, je ne doute pas que c'est un sentiment partagé." dit-il avec un large sourire.

Sa mine se renfrogne et son regard se porte dans une direction familière:

" Non, ce n'est pas une autre ruine, seulement la même... Même si cela ne m'amuse guère de pointer mon tricorne dans cet endroit mal fréquenté, je ne souhaite pas laisser pourrir le cadavre de Drev Sekzna -ou ce qu'il en reste- là-bas. Elle m'avait demandé son aide, grand bien lui en a pris. Le moins que je puisse faire c'est de lui donner une sépulture puis d'avertir ses proches."

" J'espère cependant ne pas arriver trop en retard à PointeSable... si je rate ce festival, je suis un homme mort !"

"Allons, il n'est pas utile de nourrir de si sombres pensées. Cette aventure était trépidante et nous nous en sommes bien tirés ! La dame connaissait les risques, même si son accoutrement laissait supposer le contraire. Ce qui lui est arrivé est regrettable, mais nous n'y pouvons plus rien ; la vermine a du reste déjà du s'occuper de son corps."

"Pour ma part, j'ai hâte d'arriver à PointeSable et de voir un peu à quoi ressemble le festival. Lorsque tu seras arrivé, j'espère que tu me raconteras ta seconde visite aux ruines et les rencontres que tu y auras faite. Tu pourras me trouver dans l'une des auberges du patelin."

"Bon courage l'ami ! Essaie tout de même de ne pas mourir avant la fin du festival, sinon tu seras doublement mort..." Ajoute-t-il avec un sourire en coin, appuyé d'un clin d'oeil.

Avec un sourire radieux, Eusebio réponds :
"Haaa, je ne suis pas pressé de danser ma dernière danse mais je ne le crains guère, car le destin est ainsi fait qu'on ne choisit pas sa dernière amante !
Pourtant, je ne suis pas attaché au devoir -Desna m'en garde- mais parfois... je sens que certaines choses doivent être faites !"

"Je gage pouvoir vous retrouver aisément, il n'y a pas tant d'auberges que cela dans cette petite bourgade. Je ne voudrais pas manquer une de vos représentations !"

Il jette un oeil autour de lui, s'assurant que Puruk ou sa femme ne sont pas à portée d'oreille :

"De surcroit, je ne voudrai pas passer pour un cuisinier de pacotille connaissant seulement cheval, lard et poireaux... Je vous dois bien un bon repas pour vous remercier de vos bons soins !"

"Je suis tout de même curieux de connaitre le fin mot de cette histoire. La bourgeoise ne nous a certainement pas tout dit sur sa quête ou sur le document qu'elle est venue chercher... Malheureusement, à moins de retourner la tour pierre par pierre, je ne pense pas que nous aurons un jour la réponse. Enfin, cela laisse planer le mystère. Je me demande du reste si cela ne serait pas propice à une petite fable... Oui, on doit même pouvoir travailler la chute pour y adjoindre une morale satirique !"

*Il se tait quelques instants, le regard plongé dans le vide, un sourire au lèvres, comme s'il esquissait les premières ébauches de la dite fable.*

Se reprenant, il continue :
"Avant que nous nous séparions, il faudra également que nous partagions le maigre butin ramené des ruines. En ce qui concerne les piécettes, cela ne devrait pas poser de problème ; pour ce qui est du cimeterre et de la cape, tout dépend de ce que nous en tirerons à PointeSable, sous réserve que d'aucun ne veuille les conserver. Si cela te convient, je garderai ta part et te la remettrai lors de notre prochaine rencontre. Tu auras alors tout le loisir de me faire gouter ta cuisine."

"Je serais ravi d'écouter cette fable ! Et ma foi, je ne suis pas dénué d'un petit brin de voix et serait comblé de la chanter à mon tou'..."

"Meeeenteuur ! Caaaalembredaines !" dit le perroquet blanc juché non loin sur le lustre, interrompant son maître en plein éloge de sa personne.

"Tssss... Comme vous l'avez peut être constaté Maître Ritournelle, cette cape est magique... Si c'est un objet de grande valeur, je serai plutôt d'avis de la conserver. Je peux même y jeter un œil tout de suite si vous le désirez... Et je ne vois guère d'inconvénient à vous laisser ma part de notre maigre butin le temps de venir vous retrouver. Ah ! Une chose peut être... selon que les cartes me soient favorables, je pourrai peut être prendre la clé que vous aviez trouvé sur la dépouille du troglodyte... des fois que le lieu se révèle déserté lors de ma visite... je n'y crois guère mais on ne sait jamais..."